Dominique Brevet, curé des paroisses Notre-Dame de l'Estuaire et Sainte-Marie en Brière

« Une loi oubliée ? »

Etre chrétien c’est cheminer ensemble à la suite de Jésus en essayant de lui ressembler par exemple dans nos relations les uns avec les autres.

C’est ainsi que l’Eglise propose une loi morale, un chemin éthique pour chacun et chacune. Ce chemin, l’Eglise le propose également pour la vie en famille, pour les relations sociales, pour la vie en société.

Mais certains voient dans ce chemin que propose l’Eglise soit une règle logique, binaire, qu’il faudrait simplement appliquer (c’est bien ou c’est mal), soit un but inatteignable car trop exigeant, soit un chemin culpabilisant, etc… C’est peut-être en partie pour cela que le message de l’Eglise en matière de morale est inaudible pour beaucoup de nos contemporains.

L’Eglise propose pourtant, un principe, une loi morale et éthique qui pourrait permettre de se remettre sur ce chemin. C’est la « loi de la gradualité ».

Voici ce qu’écrit le père P. Alain Thomasset (jésuite) sur ce principe :

La « loi de la gradualité ». C’est la prise en compte des limites humaines : nous sommes des êtres historiques, faibles et habités par le péché ! Ce qui signifie que l’on ne peut exiger du chrétien qu’il applique toute la loi morale, entièrement et d’un coup, mais qu’il faut au contraire l’aider à avancer sur un chemin de croissance, dans la durée.

La loi de gradualité est un vieux principe spirituel et biblique : saint François de Sales l’évoquait déjà en parlant de l’apprentissage des vertus par l’éducation progressive. Mais c’est avec Familiaris consortio, l’exhortation apostolique de Jean-Paul II sur la famille, en 1981, que cette loi de la gradualité a été proposée comme itinéraire moral des époux, puis élargie à l’ensemble de la vie morale.

En fait, il s’agit de toujours viser le bien et de s’efforcer à le faire – ce n’est pas la gradualité de la loi – mais d’accepter de passer par une progressivité quand il n’est pas possible de faire tout le bien espéré ou souhaitable à un moment donné. Il s’agit aussi de faire confiance et de croire en une collaboration entre efforts humains et grâce divine. La vie morale est toujours un chemin. Elle peut aider à déculpabiliser le chrétien qui ne parvient pas toujours, malgré ses efforts, à mettre en œuvre toute l’exigence éthique. Elle peut l’aider aussi pour distinguer l’idéal à atteindre et le bien qu’il arrive sincèrement à faire. C’est une loi de bon sens, car elle donne une assise à une meilleure compréhension pastorale des situations difficiles. 

Dominique Brevet, curé des paroisses Sainte Marie en Brière et Notre Dame et l’Estuaire

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