Oui, que deviennent–ils, celles et ceux que nous aimons toujours et qui sont partis ?
En ce jour de Toussaint nous fêtons justement ces hommes et ces femmes, illustres ou inconnus qui nous ont précédés dans la vie en Dieu et le lendemain nous prions pour tous nos défunts.
Comme pour traverser une rivière, un océan, un abîme, nous avons besoin d’un passeur. Jésus est ce passeur. Ce que nous disent les évangiles c’est que Jésus a tellement donné sa vie que cette vie lui a été rendue par son Père parce que la meilleure chance qu’on ait de ne pas perdre quelque chose, y compris sa vie, c’est de la donner. En tout cas c’est cela qu’a fait Jésus, il a donné sa vie complètement, sans réticence dans un acte d’abandon entre les mains de son père : « Père, je me remets entre tes mains » dans un acte de pardon vis-à-vis de ses frères « Pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font ». Et c’est parce que sa vie était donnée, qu’elle a été RE-suscitée, c’est-à-dire, suscitée de nouveau. La résurrection, on le voit déjà dans le cas de Jésus, et en regardant les évangiles qui nous racontent comment il s’est manifesté, ce n’est pas sûrement et simplement la continuité de la vie antérieure, une espèce de sursis, une survie. Non, les évangiles nous disent que Jésus n’a pas été d’emblée reconnu par ses disciples après sa résurrection, il leur aura fallu du temps, il a fallu qu’ils le touchent, qu’ils prennent un repas avec lui pour le reconnaître. Les évangiles nous signifient d’une manière très concrète que c’était bien le même Jésus qui était de nouveau au milieu d’eux, mais qu’en même temps Il était entré dans une vie autre ; c’était le même toujours vivant, mais vivant autrement. Et bien, c’est cela la résurrection, ce sera le meilleur de notre existence mais d’une certaine façon reconstruite ; la résurrection est une opération de re-création. Celles et ceux d’entres nous qui ont perdus un être cher le savent bien : nous gardons en mémoire le meilleur de ce qu’il a été pour nous. Et ce que nous sommes capables de faire dans notre tête, Dieu est capable de le faire pour de vrai et cela aide à comprendre que la résurrection est forcément une re-création.
Mais n’essayons pas d’imaginer comment cela se passe. Le corps c’est ce qui nous relie à nous-même, ce qui nous relie aux autres. Ce que nous dit la résurrection de la chair, c’est que c’est nous tous, personnellement et collectivement, chacun avec sa propre identité, lourde de son histoire, qui ressuscitera. Cela nous oblige à prendre au sérieux tout ce qui nous arrive personnellement et collectivement. Ce sont aussi les liens créés ici-bas avec des gens qui vont perdurer. C’est ce qu’on appelle en langage chrétien, la communion des saints.
Que deviennent donc nos défunts ? Dans la foi nous les espérons donc vivants autrement et vivants dans le Christ.
Dominique Brevet, curé.
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