Fleurir la tombe…

Comme une trêve après une rentrée laborieuse en sortie de crise sanitaire, la Toussaint nous entraine dans son climat fait à la fois de mémoire un peu triste, parfois encore trop douloureuse, et dans le même temps, dans ces moments de retrouvailles en famille qui nous permettent de nourrir les liens parfois distendus par des rythmes de vies qui nous poussent à courir… Temps de halte salutaire…

Chacun aura eu soin de passer chez le fleuriste pour quérir ce bouquet que nous irons poser sur la tombe d’un proche entré dans le repos éternel… Moment étrange que cette pérégrination dans les cimetières où nous croisons cette famille entière qui bavarde joyeusement, cette mamie presque centenaire qui avance solitaire pour poursuivre le dialogue avec cet aimé disparu depuis si longtemps mais avec qui elle parle pourtant chaque jour comme si la mort ne pouvait éteindre ce lien du quotidien partagé tant d’années durant… Plus loin, des larmes coulent… Il est parti si jeune… si brusquement… Sentiment d’injustice face à l’inacceptable… Que faire d’un cœur transpercé par l’absence ?

La mort, quelque  soit les circonstances, sera toujours le lieu de la rencontre avec nos questions les plus essentielles… Où sont-ils ? Que font-ils ? Quel est le sens de tout cela ?  Le vrai sens d’une vie ? Y a-t-il quelques choses à attendre, à espérer… quelque chose ?.. Ou quelqu’un ?

Fleurir la tombe est déjà une réponse… La vie, les couleurs, les odeurs qui viennent dire au milieu de l’obscur, une foi en ce qui ne peut s’éteindre… Tant de gestes partagés, tant de mots échangés qui ont façonné une histoire, tant de silences portés ensemble… Et le sentiment diffus, mais combien présent, que  par-delà  la mémoire et le souvenir, ces êtres chers qui ne sont plus demeurent pourtant présents au plus profond, nous parlent au cœur… Communion des saints…

Telle est bien la fête que nous sommes invités à célébrer. Car avant le temps du recueillement autour de la tombe, la fête de la Toussaint nous ouvre cette espérance. La vie n’est pas éteinte. La mort n’a pas le dernier mot… Résurrection… Promesse… Présence… Ils sont là, tous ceux qui nous ont précédé sur le chemin de la vie. Ils sont vivants et accompagnent notre marche, nous sollicitant pour ne pas refermer la pierre. Nous invitant à entendre d’eux l’invitation à poursuivre la route pour essayer comme eux de « fleurir la vie »…

Que feras tu d’aujourd’hui ? Que sèmeras-tu demain ? Quelle route traceras-tu avec les autres ? Telles sont les questions qu’ils nous posent, eux qui savent désormais qu’au bout du compte, ce qui compte vraiment, c’est d’avoir essayé d’aimer et qu’il ne sert à rien d’avoir été gagneur, vindicatif ou revanchard…

Fête de tous les saints… ceux d’hier… ceux d’aujourd’hui… ceux qui vivent au présent en croyant que la mort doit être vaincue… La mort des liens, de la relation, de tout ce qui fait que l’homme est Homme… Et ceci n’est pas seulement l’affaire d’un « après la vie »… C’est aujourd’hui qu’il faut rester des vivants, en essayant d’aimer vraiment, en agissant de sorte à renverser la pierre qui parfois pèse sur nos vies, et sur la vie du monde…

Ils ont vécu ce chemin avant nous, à la lumière d’une parole, celle de l’Homme de Nazareth, ce Jésus qui est Christ, le Ressuscité, ayant aimé jusqu’au bout… Avec lui ils ont tracé un chemin… Avec lui, avec eux, poursuivons la route… pour que la vie l’emporte sur la mort…

Bonne fête de la Toussaint…

Gilles BAUDRY curé.

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