Edito mensuel Saint-François en Saint-Nazaire

Monsieur le député1 , voudriez-vous me tuer, s’il vous plaît ?

Une telle phrase surprendra sans doute les esprits les « moins éclairés ».

Il serait pourtant, peut-être, bientôt possible de la formuler, non seulement à son député, mais à n’importe quelle personne choisie. Ce serait un nouveau « droit », contenu dans le projet de loi sur la fin de vie, qui sera examiné par nos représentants à la fin du mois. Quand viendrait le moment – pour certains – où, accablés par l’âge, isolés, sans amis, sans aide, avec des douleurs mal soignées, dans l’impossibilité de trouver rapidement un rendez-vous chez un médecin ou d’être accueilli dans un service de soins palliatifs, sentant votre mort approcher à moyen terme… si vous vous dites alors : « à quoi bon continuer de vivre ? », il serait possible de demander à la société de vous faire disparaître.

Tout a déjà été dit, depuis des années, dans les débats sur l’euthanasie et sur le suicide assisté. Ils ont des oreilles et n’entendent pas, des yeux et ne voient pas ! La société n’est-elle pas assez violente pour y rajouter une violence légale ? Une société plus soignante ou plus violente, il faut choisir.

Cette loi est celle d’un lobby (qui a pour lui d’avoir de la suite dans les idées) auquel s’opposent les personnels de santé concernés par la fin de vie. Il n’y a pas plus de 10% des soignants concernés à dire qu’ils sont prêts à tuer un malade qui le leur demande. Si les députés étaient à leur place, le débat serait vite tranché. D’où le titre de cet édito : qui est prêt à me tuer, quand bien même j’en ferais la demande, quand bien même j’aurais une fin de vie difficile ? Vous, M. le député, vous chers paroissiens ?

En ce joli mois de mai, il est tentant de regarder ailleurs, de continuer à vivre comme si de rien n’était, de penser à nos problèmes personnels du moment (bien prenants pour certains), de penser déjà aux jeux olympiques, … ou…, ou quoi ? C’est la question que nous nous sommes posés avec quelques paroissiens. Ce n’est sans doute plus le temps des grands débats d’idées, mais c’est encore le temps de l’éveil des consciences et de manifester son opposition à nos représentants (c’est notre souveraineté qu’ils représentent, pour un temps), d’en parler autour de nous, à nos proches, d’apporter du soutien aux personnes malades qui vont être déstabilisées, comme à chaque fois que la question revient.

Après avoir réfléchi à ce que je pouvais faire, je n’ai pas trouvé de meilleure idée que d’entreprendre un jeûne de protestation2 . C’est une bonne manière de mettre la question « sur la table ». Si vous vous sentez suffisamment concernés, vous pouvez jeûner avec moi, et/ou demander à Dieu de vous indiquer quels autres moyens de protester correspondront le mieux à votre âge, votre métier, vos capacités, vos talents.

Et vous, qu’êtes-vous prêt à dire, à faire, à perdre, pour nos frères et sœurs mourants ?

Arnaud Laganier, curé de la paroisse

 

  1. La question peut d’ailleurs s’adresser à tous, car, si cette loi est votée, vous êtes tous susceptibles d’aider ou de faire l’injection (ou autre procédé) mortelle. (d’après l’exposé des motifs du projet de loi).
  2. Cela aura certainement quelques conséquences sur le déroulement habituel de la vie paroissiale. (certaines positives, et d’autres négatives – pour lesquelles je vous demande pardon par avance.)

2 commentaires

  1. ” Dans Rama, on entend une plainte, ,des pleurs amers.,C’est Rachel qui pleure sur ses enfants.,Elle ne veut pas être consolée”. Que nous apprêtons nous à faire sinon à installer un droit de tuer en pleine contradiction avec cet interdit majeur de toute religion et de toute société moderne ?
    Alors, que faire ? beaucoup ne peuvent suivre un jeûne (pour des raisons médicales, professionnelles ou autres), mais tous nous savons écrire. Pourquoi ne pas préparer une urne dans laquelle nous pourrions glisser une histoire personnelle à partager ? la recension de ces textes serait adressée aux députés et sénateurs de notre région. Cette démarche pourrait également faire l’objet d’une publicité auprès des médias ?
    “Tu ne tueras point” , souvenons nous du sixième commandement ! (Ex 20,13)

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