« Belle célébration Monsieur le Curé » ! Parole entendue au sortir de la veillée pascale par un curé réconforté au vu du visage rayonnant de joie de cette paroissienne de passage tenant encore en main le cierge allumé du temps de l’Envoi…. Fruit d’un instant cueilli au vol… De la nuit surgit la lumière… Joie….

 

Oui, ces fêtes pascales furent bonnes et belles… Merci à tous ceux et celles qui ont permis cela en donnant d’eux-mêmes, qui pour fleurir, qui pour chanter ou lire, qui pour chercher et trouver les volontaires pour aider… Ce « merci au curé » vous revient…

Merci pour ces instants dont vous êtes auteurs… Belles fêtes de Pâques…

 

Et puis…. Et puis quoi… « Il est ressuscité ?… Grand bien lui fasse ! … Et après !? Quoi de neuf ? »… Autre parole reçue par Monsieur le curé au lendemain de Pâques, venant d’une personne en situation de détresse au regard du monde qui demeure le lieu des déchirures, des violences et des peurs… « La mort vaincue ?! Ben, il serait temps qu’il se bouge le bon Dieu, parce là, excusez-moi, mais j’ai du mal à la voir la vie qui gagne » …

 

Pâques d’un soir ? … « Les célébrations furent belles » … Maintenant retour au point de départ… On ferme la parenthèse…. Un peu comme les disciples d’Emmaüs qui s’en retournent chez eux, ayant espéré que…. Mais ayant vu leur espérance laminée par la croix… Celui qui devait… n’est plus…

 

Oui les fêtes furent belles… mais voilà que le quotidien nous reprend avec ses pesanteurs, interrogeant la joie d’un moment et laissant s’immiscer les doutes sur la pertinence de ce « croire en la vie plus forte que la mort ».

Pâques, berceaux de toutes les illusions ? « Et nous, nous espérions … Mais… »

 

L’expérience des disciples d’Emmaüs est aussi la nôtre… Attente d’un sauveur… Désillusion, il n’est plus là… Retour au point de départ… Le monde continu d’être travaillé par des choix et des décisions prises qui ne portent pas vers la vie, qui pour certaines engendrent la mort…

 

Et pourtant… Fruit d’une rencontre sur la route, voilà que ces disciples pétris de fatalisme redressent la tête et retournent à Jérusalem, lieu de la fin du rêve, lieu de la mort subie, lieu de l’échec apparent… Il aura suffi de quelques paroles, d’un simple signe posé, partage d’un pain rompu autour d’une table pour que la foi renaisse au milieu du doute… Rencontre mystérieuse qui ne dure qu’un instant…. Voilà qu’à nouveau « il disparait à leur yeux » … Mais le fatalisme passif et attentiste s’est transformé en foi active… Foi en la vie qui n’a pas effacé la mort… Mais un souffle nouveau est là qui libère de l’enfermement dans la peur… Ils espéraient un sauveur-solutionneur accomplissant un miracle… La paix, enfin ! … Ils font l’expérience d’un Dieu qui vient redonner du souffle et qui envoi : « c’est vous qui en êtes les témoins » …. Responsabilité.

 

Leur monde comme le nôtre reste traversé par bien des douleurs et des errances… La mort est toujours à l’œuvre. La nouveauté de Pâques pour eux comme pour nous, c’est qu’un passage se fait qui ouvre un avenir, là même où l’horizon semble parfois définitivement bouché. Pâques n’est pas une fin en soi, c’est une source qui ouvre au devenir, nous tirant de l’illusion d’un Dieu qui viendrait solutionner nos problèmes comme par magie, pour nous ouvrir à la conscience d’un Dieu de présence dont le souci est de nous voir grandir en apprenant à aimer en toute circonstance… à l’image de Jésus… à l’image des disciples

 

Pâques conduit à la Pentecôte, fête du souffle… Celui de l’Esprit du ressuscité… qui nous donnera de pouvoir de porter avec lui le poids du monde en sachant y inscrire les actes de la vie qui renverse la mort… Loin d’être une illusion Pâques est ouverture au courage de croire. Tout est donné déjà… Tout reste encore à recevoir… tout reste à vivre… pour que Pâques passe en nos vies… « Allez ! je vous envoie » « je suis Dieu avec vous » …. « Mais pas sans vous » …

 

Bonne route vers Pentecôte… apprenons à ressusciter… Laissons le vent gonfler nos voiles…

 Gilles BAUDRY, votre curé.