Alors que j’étais aumônier des étudiants, une jeune pousse la porte de l’aumônerie et demande à me parler. Timide, elle me fait part de son désir d’être baptisée. Et à ma question de savoir pourquoi elle entreprend une telle démarche, elle me raconte avec assurance ce qui a bouleversé sa vie. Née dans une famille athée, me dit-elle, mes parents m’ont toujours appris à ne compter que sur moi. Lorsque je tombais, il me fallait me relever toute seule et c’était dur. A chaque fois, je me relevais, mais il y avait comme un poids sur mes épaules ; et il m’était de plus en plus difficile de me relever. Un jour, je n’ai plus eu la force. Alors, j’ai crié : « Dieu ». Il m’a pris par la main et m’a relevée ; le poids que j’avais sur les épaules a disparu. Je ne veux plus lâcher cette main, et je veux découvrir ce Dieu qui m’a relevée.  Dorothée a été saisie par le Christ et cela a transformé sa vie.

Nous qui sommes pour la plupart des chrétiens « héritiers », c’est-à-dire issus d’une tradition chrétienne, nous sommes toujours fascinés par ce type de récit qui nous parle au cœur, parce que nous avons l’impression de ne pas avoir fait cette expé-rience décisive. Il n’y a peut-être pas eu de moment aussi marquant mais, à un moment donné, si nous venons encore à la messe, c’est que nous avons un jour dit oui au Christ ; et il me paraît fondamental d’identifier ce moment. Peut-être est-ce lorsque nous avons quitté le cocon familial comme étudiant, et que nous sommes allés à la messe, seul ? Peut-être lors de la rencontre de notre conjoint qui rayonnait de l’amour de Dieu et qui nous a aidé à faire cette expérience de Dieu ? peut-être en
traversant une épreuve où nous avons éprouvé la sollicitude de Dieu ?

Acceptons de relire notre histoire, le moment où nous avons été saisis par le Christ, et essayons de mettre des mots dessus pour pouvoir en parler autour de nous. Oui, le Christ m’a pris par la main et je ne veux plus le lâcher.

Philippe, curé de la paroisse