Le Noël de saint François d’Assise à Greccio

– Mon cher Mario, s’exclama François, dans quelques jours, c’est Noël ! Les hommes ont oublié Noël ; ils ne savent plus ce qu’est la tendresse du Père ; ils ne savent plus qui est Dieu. Il faut le leur rappeler. Il faut refaire Noël. Ah ! j’ai une idée, elle me trotte dans la tête depuis quelque temps déjà. Je voudrais célébrer ici Noël, et le faire comme il ne l’a encore jamais été nulle part ailleurs depuis la naissance du Seigneur. Je voudrais réaliser une crèche vivante, dans une vraie grotte, avec de vrais animaux. Il faut qu’on puisse voir ce que fut réellement la naissance du très haut Fils de Dieu. Oui, je veux voir l’Enfant tel qu’il était dans son humilité et sa pauvreté, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin entre un bœuf et un âne. Et tout le village viendra et verra, les grandes personnes bien sûr, mais les enfants aussi, surtout les enfants : et puis, les plus pauvres, ceux qui ont perdu la trace de Dieu. Il faut que tous soient là…

– Si tu leur dis, ils viendront tous, c’est sûr, comme à la fête…

– Demain j’irai trouver le seigneur Jean Vélita, je lui expliquerai ce que je désire faire… c’est un homme doux. Il a renoncé à la carrière des armes par amour du Christ. Il va tout préparer…. Et je lui dirai : « Seigneur Jean, je veux qu’en cette fête de Noël, les hommes et les bêtes sentent passer un grand souffle de tendresse »…

… Il avait cessé  de neiger… les montagnards par petits groupes se rendaient à la grotte pour la messe de minuit. C’était Noël….

… leur premier regard était pour les animaux… François accueillait les gens d’une bonne parole… il pensait que l’évènement de la naissance du Sauveur intéressait la création tout entière : en cette nuit sainte, l’univers recevait son Seigneur et sa consécration. Il fallait que toute créature se sentît enveloppée dans le grand mystère de la piété…

Minuit… une cloche tinta. Et la messe commença. Frère Léon célébrait. François l’assistait… Il chanta l’Évangile qui annonce au monde l’heureux évènement…

… Alors François prit la parole : « Mes amis, avez-vous entendu ? s’écria-t-il, transporté d’enthousiasme… Voyez l’humilité de Dieu. Ô humble sublimité ! En cette nuit, le Dieu de majesté est devenu notre frère. Lui le plus grand s’est fait le plus petit, le dernier. Il s’est rapproché de nous sous le signe de la fragilité et de la tendresse… Oui, mes amis, Dieu est enfance et tendresse. Et il l’est parce qu’il est père, infiniment père… »

 

Éloi Leclerc (La Fraternité en héritage)

 

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