Lorsque nous avons préparé l’assemblée paroissiale avec l’EAP, nous avons été attentifs à partir de la situation actuelle de notre paroisse, avec ses diversités (âges, milieux sociaux, milieux culturels, durée de vie sur la paroisse, origines, …) qui peuvent être vécues comme une chance , mais aussi ressenties comme une réelle difficulté pour vivre la rencontre de l’autre si différent de moi…. Et pourtant tellement proche, car frère e sœur en Christ.Apprendre à se connaître, à vivre cette unité que nous avons célébrée durant la messe dominicale.« Nous sommes le Corps du Christ. » C’est pourquoi, nous avons demandé au père François Renaud, vicaire général et philosophe de nous faire un petit enseignement sur « avancer avec l’autre différent vers l’avenir ». (Voir sondage)
Et lors du repas du midi, je me suis dit que nous avions bien choisi le thème. En effet, les gens ne se sont absolument pas mélangés et ils sont restés entre eux. Il était flagrant de voir combien il semblait difficile pour les personnes de se rencontrer et combien les mots de François l’après-midi allaient donc tomber juste. Partant de son expérience de coopération en Afrique, François nous a montré comment la rencontre de l’autre nous obligeait à nous décentrer de nos a priori, de nous-mêmes, pour découvrir qui il était en profondeur. Ne pas partir de soi-même, de ses catégories où nous classons l’autre, mais de s’émerveiller d’abord devant le frère, la sœur qui se dévoile à moi, avec toutes ses richesses et ses potentialités qui peuvent venir enrichir la communauté. Ce qui est beau, c’est que le souhait de l’ouverture est une volonté de notre communauté, car le terme apparaît en quatrième place pour notre Église en 2032 alors qu’il n’est que 9ème pour notre Église d’aujourd’hui.
Le chemin semble long. Mais la route paraît d’autant plus longue lorsque je me suis penché sur les comptes-rendus des petits groupes. Nous avions fait le choix de mélanger les participants en les mettant en groupe de manière aléatoire, et chacun, je crois de manière unanime, s’est réjoui des rencontres réalisées ce jour. Comme souvent, c’est la liturgie qui a cristallisé les critiques et c’est une peur logique, car cela renvoie à la dimension du sacré, qui est une chose éminemment personnelle sur laquelle nous avons à mettre des mots et nous n’en avons pas l’habitude ; d’où des crispations. Et finalement, une incapacité à rencontrer l’autre, à découvrir sa richesse. Un paroissien résumait en me disant : « tu nous demandes de nous tourner vers l’avenir alors que regarder le présent en face nous est déjà difficile. »
Personnellement, je suis issu de la bourgeoisie libérale, avec un père non croyant ; donc, je n’ai pas été façonné par la tradition comme Thomas l’a été dans son milieu familial ; mais je dois reconnaître que cette tradition, que je rejetais assez facilement comme séminariste, m’a ouvert davantage au sacré et m’a permis de découvrir un visage de Dieu que je ne connaissais pas. De même, les chrétiens sociaux ouvrent la communauté à plus large qu’elle-même en replaçant le pauvre, figure du Christ, au cœur de notre communauté. Oui, cette diversité que nous vivons dans notre paroisse peut être une chance si nous la vivons dans la complémentarité de chacun ; en revanche elle serait mortifère si nous la vivions dans la rivalité.
En ce jour de Pentecôte, ouvrons notre cœur, notre intelligence pour que l’Esprit Saint puisse venir y descendre et unifier notre communauté.
Philippe, curé de la paroisse
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