Pendant cela, à l’autre bout de la Terre

 

Le monde pourrait s’écrouler, la pièce dont les actes s’écrivent au fur et à mesure ne jouerait pas sa finale pour autant. C’est l’étrange impression laissée par l’actualité cumulée de ces derniers mois… Les français seraient-ils nombrilistes ? Mais la vérité c’est que la Terre n’a pas arrêté sa course ces dernières semaines. Que s’est-il passé pendant ce temps ? Pendant ce temps – parmi bien d’autres événements – à l’autre bout de la Terre, se sont déroulées les trente-quatrièmes Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Qui en a entendu parler en France ? Et pourtant, les jeunes catholiques français avec plus d’un millier de représentants constituait la deuxième délégation européenne. Des jeunes de notre diocèse sont en train de rentrer, bientôt nous entendrons leur parole, ils témoigneront de ce qu’ils y ont vécu. En attendant, je vous livre quelques mots du pape François, glanés au fil de ses rencontres à Panama. En effet, depuis le synode d’octobre dernier, nous le savons désormais : quand le pape parle aux jeunes – ou de la jeunesse – c’est à toute l’Église qu’il s’adresse et, par elle, à tout homme. Cette Église dont il veut réveiller la jeunesse pour propager la nouveauté de l’Évangile.

Dans son message préparatoire aux JMJ : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38). Les mots de Marie sont un « oui » courageux et généreux, la réponse de quelqu’un qui a compris le secret de la vocation : sortir de soi et se mettre au service des autres. Notre vie n’a de sens que dans le service de Dieu et du prochain. »

Aux évêques d’Amérique Centrale : « La kénose du Christ ([son abaissement], ndlr) implique d’abandonner la virtualité de l’existence et des discours pour écouter le bruit et la rengaine des personnes réelles qui nous défie de créer des liens. Permettez-moi de vous le dire : les réseaux servent à créer des liens mais pas des racines, ils sont incapables de nous donner une appartenance, de nous faire sentir partie d’un même peuple.

Au cours de la liturgie pénitentielle avec les jeunes privés de liberté : « Quelle douleur on peut voir quand une société concentre ses énergies plus à murmurer et à s’indigner qu’à lutter et lutter pour créer des opportunités et pour transformer. »

Lors de la veillée avec les jeunes : « L’Evangile nous apprend que le monde ne sera pas meilleur parce qu’il y aurait moins de personnes malades, moins de personnes faibles, moins de personnes fragiles ou âgées dont il faut s’occuper, pas même parce qu’il y aurait moins de pécheurs, non, il ne sera pas meilleur pour cela. Le monde sera meilleur quand plus nombreuses seront les personnes qui, comme ces amis qui nous ont parlé, seront prêtes et auront le courage de concevoir le demain et de croire en la force transformante de l’amour de Dieu. A vous jeunes je demande : Voulez-vous être “influencer” à la manière de Marie
[« Oui ! »] Elle a eu le courage de dire « qu’il en soit ainsi ». Seul l’amour nous rend plus humains, non pas les querelles, non pas l’étude seulement : seul l’amour nous rend plus humains, plus complets, tout le reste sont des placebos, bons mais vides. »

N’y aurait-il pas quelque chose à recueillir pour nous français, dans ces mots lointains en apparence ?
Et s’il fallait changer de point de vue – au sens propre comme au figuré – pour mieux voir et habiter l’aujourd’hui de nos vies ? Les quelques jours de JMJ, pourraient bien faire de Panama un « hub de l’espérance », comme l’a formulé dans ses vœux aux autorités politiques le pape François. C’est de nous qu’il en dépend.

Père Emmanuel Mustière

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