Lorsque j’étais aumônier des étudiants et que l’un d’eux critiquait quelqu’un de manière non constructive, je disais toujours : « c’est ainsi que tu parles de ton frère » … et le jeune changeait rapidement de conversation.
Il faut bien reconnaître que nous avons souvent la langue bien pendue pour dire des choses qui ne font pas forcément grandir. Rappelons-nous d’abord cette parole de Jésus : « Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère et, la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas. » (Mt 7, 3). Oui, critiquer, c’est-à-dire vouloir abaisser l’autre, peut nous donner l’impression de nous valoriser nous-même alors que ce comportement ne fait que nous abaisser. Cela ne veut pas dire qu’il faut être des candides qui refusent de regarder la réalité en face. Mais la question qu’il faut se poser avant chaque critique est la suivante : la parole que je vais poser a-t-elle pour but de faire grandir mon frère ou de l’abaisser et de me faire un petit plaisir ?
C’est tout l’art de l’éducation des parents vis-à-vis des enfants. Parce qu’ils les aiment, ils vont pouvoir leur faire des remarques, voire des critiques, pour les aider à grandir. C’est bien l’amour qui est au cœur de la relation, et même si ce n’est pas agréable pour l’enfant de recevoir une remarque, et s’il n’est pas plaisant pour les parents de poser une critique de peur de blesser, celle-ci s’avère nécessaire car l’objectif est d’obtenir un plus grand bien.
Ce que nous faisons pour les enfants, nous devons être capables de le vivre aussi au sein de notre communauté. Cela s’appelle la correction fraternelle. Rappelons-nous ce que dit Jésus au chapitre 18 de l’évangile de Matthieu : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends, en plus avec toi, une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. » (v 15 à 17).
Il ne s’agit pas de critiquer son frère par derrière, mais de l’aider à grandir dans sa relation aux autres, dans sa relation à Dieu. Ce qui aurait pu être un acte destructeur devient alors une démarche de bienveillance, car elle nourrit la confiance et fait grandir la personne et la relation. Oui, quittons la critique stérile et osons la bienveillance.
Philippe, curé de la paroisse
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