Ça y est, nous avons bouclé la boucle de notre « chemin de fraternité, de Saint-Nazaire à Jérusalem ». Oserais-je dire, enfin !… Nous devions partir en 2020 mais, pour cause de pandémie, le départ a eu lieu en mars 2022 avec une première partie de trajet, à pied sur l’Eurovélo 6, jusqu’à Budapest en Hongrie et Belgrade en Serbie, soit 3300 km en quatre mois en tirant notre chariot. Nous avons continué notre périple sous de nouvelles modalités en février dernier, pour trois semaines, directement en Israël et Palestine, sans le chariot et par avion, pour une seconde partie moins axée sur la marche à pied que pour découvrir un pays chargé d’Histoire, avec ses populations multiculturelles et multireligieuses.
La boucle est bouclée, mais pour autant, il est impératif que notre chemin de fraternité puisse, maintenant et toujours, continuer dans les cœurs de chacun et chacune. Le chemin de fraternité ne peut pas se réduire à un simple périple de quelques mois, il ne peut s’arrêter à quelques rencontres, aussi belles soient-elles, ou à quelques photos de paysages et de villes traversées. Le chemin intérieur de la fraternité se doit de continuer et de grandir encore, que ce soit dans nos familles, dans nos communautés ou dans le monde et entre les peuples.
« La fraternité n’est pas une option mais une nécessité », c’était le message de Diaconia 2013.
Nous avons porté ce message de fraternité humaine et universelle sur le chemin jusqu’à Jérusalem, en arborant fièrement notre logo associatif, mais aussi les drapeaux français, européen et onusien, comme symboles de fraternité. Le blason et la devise de la ville de Saint-Nazaire avaient aussi leur place. Ces emblèmes nous ont permis d’être interpelés sur notre trajet, voire questionnés, et ont amorcé quelques échanges aussi riches qu’éphémères. La fraternité se vit et se partage mais ne s’approprie pas.
Sur un plan plus spirituel, pour ma part, j’avais à cœur de faire vivre aussi la fraternité en Christ, que nous essayons de vivre ensemble sur nos paroisses, en portant les intentions de prière que les uns et les autres m’avaient transmises, notamment.
J’en retiendrai ici quelques temps forts qui m’ont plus particulièrement marqué.
Les messes auxquelles j’ai pu participer, dans les pays traversés, m’ont à chaque fois fait vivre en réel la catholicité du message de Jésus et l’unité ou l’unicité de notre Église, nonobstant les différences et les caractéristiques locales pour chacune. Nous sommes un seul corps dans le Christ. Même si la langue n’est pas la même, on y retrouve la liturgie, le rituel avec quelques petites particularités locales, la ferveur des fidèles, et aussi le même intérieur de nos églises : la photo du pape François, des peintures ou statues bien connues : saint Antoine, sainte Thérèse de l’enfant Jésus, sainte Bernadette, … Nous faisons tous partie de cette même grande famille des chrétiens, au-delà des frontières. Y compris en Israël où j’ai participé à la messe, en langue arabe, à la Basilique de l’Annonciation à Nazareth, ou en langue hébraïque à Jérusalem, à la maison franciscaine « Saints Siméon et Anne » où nous étions une quinzaine de fidèles. C’est d’ailleurs au prêtre qui présidait l’eucharistie, et parlant français, que j’ai remis les deux portes-clefs qu’on m’avait confiés, réalisés par des personnes en situation de handicap. J’ai pu lui expliquer notre démarche de chemin de fraternité, et il m’a assuré qu’il les transmettrait dans ce sens.
L’un des moments les plus forts a aussi été au pied du Mur des Lamentations, puisque c’est là que j’ai déposé entre les gros blocs de pierre, comme il se doit, la petite prière que j’avais rédigée au nom de toutes les personnes qui m’avaient confié leurs intentions de prière avant de partir, où sur le chemin, ainsi que celles non-exprimées, plus intérieures, et que l’on porte aussi dans nos paroisses.
Le Mur des Lamentations a donc été, pour moi et pour un instant, le symbole de cette fraternité humaine, spirituelle et religieuse, qui nous relie entre chrétiens de différentes confessions, et aussi avec nos frères et sœurs juifs, comme avec nos frères et sœurs musulmans qui étaient au même moment sur l’Esplanade des Mosquées, à quelques centaines de mètres à peine, au-delà de ce mur.
Que ce vieux mur du Temple ne soit pas symbole de clivages et de séparations, mais devienne au contraire un lieu ouvert à tous, pour nous relier les uns aux autres, au-delà de nos croyances, comme enfants d’un même Père, le Dieu d’amour de Jésus-Christ !
« Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble. […] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères. »
Pape François (Fratelli tutti)
Prière déposée dans le mur des lamentations
Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
Dieu de Jésus-Christ,
Dieu miséricordieux,
Toi qui est amour, lumière et vie,
Guide-nous, toutes et tous, sur des chemins de fraternité et de paix,
entre nous, dans nos familles, nos communautés et dans le monde.
Convertis-nous à l’amour et au respect de ta création.
Accueille tous tes enfants,
frères et sœurs en humanité.
Écoute nos prières, portées sur ce chemin
de Saint-Nazaire à Jérusalem,
Toi qui connais toutes nos attentes
jusqu’au fond de nos cœurs.
Exauce-nous,
par Jésus, dans l’Esprit.
Jean-Yves
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