Diacre Permanent
Comment définirais-tu le ministère de diacre ?
On cherche souvent à définir le diacre en le comparant à ce que peut faire un prêtre. Nous parlons alors de liturgie, sans le dire, comme s’il était entendu que là résidait l’essentiel du rôle d’un clerc. Il me semble plus approprié de définir le ministère diaconal par ce qu’il est, ce qu’il signifie, que ce qu’il fait.
À un moment où l’Église prenait conscience qu’elle s’éloignait de pans entiers de la société sur le plan géographique et sociologique, elle décide d’appeler à nouveau des diacres pour être signe du Christ, pour se faire proche de ceux qui sont loin.
Une mission qui ne nous est pas confiée en exclusivité. Au contraire, rattachés à une paroisse, nous y sommes signe de cet envoi au monde proposé à tous les baptisé-e-s.
Quand et pour quelle mission as-tu été ordonné ?
C’est ainsi que j’ai été ordonné en 2001 et envoyé par l’évêque de Nantes. En me demandant de vivre ce ministère, enraciné dans l’engagement du mariage et auprès de ma famille et aussi au cœur des engagements sociaux où j’étais déjà présent.
Comment vis-tu ton ministère de diacre ?
Je cherche à être témoin, auprès de ceux que je rencontre, de l’amour de Dieu et je tente de rendre compte à l’Église de la manière dont des femmes et des hommes donnent sens à l’aventure humaine, engagé-e-s dans la transformation de notre société pour plus de justice et de fraternité.
Je n’ai pas été appelé parce que je le fais mieux que d’autres. Je suis témoin de vos présences au monde et du souci qu’en porte nombre d’entre vous. L’ordination n’est pas une décoration, une récompense, mais un service particulier. Je tente de le vivre ainsi dans le monde et dans les communautés chrétiennes. À la fois avec la conscience de ce qui m’est confié, confiant en l’Esprit reçu à l’ordination, tout en reconnaissant humblement mes limites en tant qu’homme. C’est au travers de cette humanité fragile que nous sommes le plus capable de rendre compte de l’amour de Dieu et de la confiance qu’il nous fait.
L’ordination ne fait pas de nous des êtres parfaits mais des hommes – et seulement des hommes l’instant -engagés au service du monde et de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ. Au moment où l’actualité conduit notre pape à réinterroger le cléricalisme dans l’Église, je sens nécessaire de vous dire comment je le vis.
J’ai conscience d’être bien superficiel dans mon témoignage. L’espace de cet article ne permet pas beaucoup plus. Il ne faudrait pas croire à un chemin sans embûches. Comme beaucoup de vous, les méandres de ma vie, ceux de ma famille, le monde comme il va, me conduisent à rechercher dans la prière et le discernement avec d’autres ce à quoi Dieu m’appelle. Pour moi, le ministère rend encore plus ardent le questionnement. Cela ne me laisse pas tranquille mais me rend heureux. Le ministère est une grâce pour moi, j’espère qu’il l’est un petit peu pour l’Église aussi.
Et en conclusion ?
Je voudrais mettre en avant deux éléments. Je suis témoin de l’attention de responsables syndicaux, y compris dans les responsabilités les plus élevées, à la parole de l’Eglise lorsqu’elle interroge le sens de l’humain, la fraternité, le respect de la vie, et qu’elle le fait en s’inscrivant dans le dialogue à la lumière de la foi en Christ mais sans donner le sentiment que nous seuls aurions la vérité révélée.
Nous avons à donner, nous avons aussi à recevoir de la société. La Bible, et en particulier, le premier Testament, nous montre comment le rapport à Dieu, la manière de transmettre la foi évoluent avec la modification des organisations sociales. Je voudrais aussi souligner combien mon ministère se construit au jour le jour non pas seulement à partir de ce que je vis mais également de ces dynamiques variées que vous mettez en oeuvre et dont vous témoignez. Il se construit aussi de la réflexion et de l’interpellation que suscite mon engagement au sein de la Communauté de la Mission de France.
Je ne suis pas devenu diacre une fois pour toute. Ici dans la communauté de Saint François, avec la Mission de France, mon ministère évolue. Nous nous nourrissons les uns les autres, laïcs et ministres ordonnés.
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