Père Francis Allain : 70 ans de sacerdoce

Le père Francis ALLAIN, né le 25 avril 1927 à La Chapelle-Launay, est ordonné prêtre en 1951.

Dans l’éditorial de l’écho de la Paroisse Saint Martin du Sillon, il écrit, en Juin 2021, 70 ans de sacerdoce.

 

“Je suis venu, me voici , je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté.”

Lettre aux Hébreux 10 , 9

Parole que j’avais choisie pour l’image de mon ordination.

Une image, un peu défraîchie, que je conserve précieusement depuis 70 ans dans mon bréviaire quotidien.

J’ai été ordonné prêtre des missions étrangères, le 3 juin 1951, avec 7 autres prêtres, par Mgr Charles LEMAIRE évêque, qui, expulsé de Chine, était devenu supérieur général de cette société missionnaire.

A la fin de mes études secondaires, en septembre 1947, c’est en effet dans cette direction missionnaire que je me suis engagé pour des études théologiques, avec l’accord de Monseigneur Jean-Joseph VILLEPELET notre évêque diocésain de l’époque. A 20 ans, je fus très marqué par deux étapes importantes dans ce parcours :

Le 27 mai 1950 j’étais ordonné sous-diacre, avec un engagement au célibat, une promesse dont il m’était difficile d’imaginer les exigences, mais que l’Église devra bien se décider un jour à ne plus rendre obligatoire. Sept mois plus tard, le 23 décembre 1950, autre événement inoubliable : mon ordination diaconale au service de l’Église et du monde, donnée par un évêque inattendu : le nonce apostolique en France, Monseigneur RONCALLI, dont on ne pouvait imaginer qu’il deviendrait, 8 ans plus tard, notre St Père Jean XXIII.

Après mon ordination, je me trouvais au pied du mur pour réaliser ma promesse de faire la volonté de Dieu, au service de l’Église, dans le diocèse de Pnom Pen au Cambodge.

Mais à 24 ans nous étions encore un peu jeunes pour aller prendre le bateau à Marseille et partir “Ad vitam” (pour la vie) au Cambodge.

Alors on m’a donné le choix de prolonger de deux ans mes études ou de repartir dans mon diocèse d’origine pour un stage d’initiation pour “l’action catholique”.

J’ai choisi de revenir dans mon diocèse, le choix de “l’action catholique” me semblait évident puisque mon frère Alphonse était déjà responsable diocésain de la JAC (jeunesse agricole chrétiennes).

L’évêque de l’époque, Mr VILLEPELET m’a nommé vicaire à LA CHAPELLE DES MARAIS (1951-1958) pour deux ans, en attendant le vrai départ

Sans doute Dieu, avait-il un autre dessein pour moi…… Car au moment où j’aurais dû partir, je suis tombé gravement malade, une pleurésie m’a immobilisé plus d’un an et le verdict est tombé, ma santé ne me permettait plus de partir au CAMBODGE.

Au terme d’une longue convalescence, Monseigneur VILLEPELET m’a de nouveau accueilli et maintenu sur la paroisse de la chapelle des Marais jusqu’en 1958. C’est là, dans mon engagement à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), que débute vraiment ma vie de prêtre et l’importance de l’action catholique dans cette vie comme dans celle de nombreux prêtres de ma génération. La découverte de l’ACO à ses débuts m’a confirmé que ma véritable vocation était d’agir, avec les laïcs dans ces mouvements. Travailler avec eux, les accompagner dans leur vie quotidienne grâce aux rencontres régulières autour des révisions de vie, les associer à la vie de l’Église était devenu une priorité.et l’est resté tout au long de ma vie.

Les 7 premières années de mon sacerdoces furent difficiles, c’étaient les dernières années du pontificat de PIE XII, pendant lesquelles les théologiens qui nous influençaient étaient réduits au silence, le Père CONGAR par exemple, après la publication de son livre «  Vraies et fausses réformes de l’Église », dont les idées correspondaient pourtant à nos attentes.

Au moment de quitter La Chapelle des marais, pour rejoindre une nouvelle mission à Châteaubriant (1958-1967), les jeunes que j’avais accompagnés au patro et à la JOC ont pris l’initiative de m’offrir mon premier poste de radio. Et en l’écoutant tout en faisant mes bagages, j’ai entendu l’annonce de l’élection de Jean XXIII. Figure discrète et déjà assez âgé, son élection surprend, tout le monde ayant compris qu’à l’évidence, il avait été élu pour être un Pape de transition.

C’était en Octobre 1958, mais ce que l’on n’attendait pas, c’est que 3 mois plus tard, lors de ses vœux aux Cardinaux, il leur annonce : ” Nous allons faire un concile”, et devant leur question “Mais pourquoi?” il se leva et alla ouvrir la fenêtre ….. tout un symbole.

Il ne fera qu’une session du concile mais à partir de là, les théologiens qui avaient su nous parler ont pu faire avancer leurs idées, et en particulier celle qui m’était déjà très chère, l’importance dans la mission de l’Église du travail des laïcs, hommes et femmes.

Le concile et l’action catholique ont été les piliers de mes 70 années de sacerdoce.

Après mai 68 et le départ d’un certain nombre de mes collègues proches, l’accompagnement de 3 jeunes prêtres vers le célibat et le sacerdoce, m’a permis de garder confiance en notre vocation.

J’ai aimé agir avec les laïcs et faire de nos paroisses des lieux de vie et d’action.

Après 9 ans à Châteaubriant, j’ai été sollicité pour prendre la responsabilité d’une nouvelle paroisse sur Saint-Nazaire. D’abord à Tréballe, c’était dans un baraquement, pendant 6 ans, puis j’ai eu la joie de participer à la construction d’une église nouvelle sur la Bouletterie dans un nouveau quartier où je suis resté 4 ans (1967-1977).

Mon sacerdoce s’est déroulé entre Jean XXIII et François, deux papes qui, chacun à deux époques et sur des sujets bien différents veulent faire avancer l’Église et soigner ses blessures, j’attends avec impatience les prochaines annonce du pape François.

En 2011, après 60 années de sacerdoce, je suis revenu à La Chapelle Launay. J’ai eu le bonheur de continuer à accompagner les jeunes en particulier les jeunes adultes qui commençaient un chemin de catéchuménat.

J’ai aussi reçu une lettre de mission de Monseigneur MARCUS pour être aumônier à l’hôpital de Savenay et à la maison de retraite “Les tilleuls”.

Les moments forts de ces 70 années :

Je commencerai par le concile, qui au terme de mes 7 premières années de sacerdoce a redonné à l’Église une orientation plus proche de l’Évangile et de la vie des hommes. Comme le dit le Pape François et comme il nous le montre par son ministère : “La tradition, c’est la transmission du feu et non l’adoration des cendres”

L’accompagnement des jeunes prêtres, m’a permis de garder confiance en ma vocation malgré un environnement qui rendait nos engagements plus difficiles à tenir.

La chance d’avoir accompagnés vers le baptême ou la confirmation une quinzaine de jeunes adultes m’a confirmé que le message auquel j’ai consacré ma vie peut encore aujourd’hui toucher des jeunes en recherche de sens pour la leur.

Et enfin, sans doute parce que c’est la plus proche , cette lettre de mission du père Marcus qui m’a permis de partager la souffrance physique et morale des malades, personnes âgées ou handicapées.

Savoir simplement écouter, prier.

Savoir accompagner la vie qui petit à petit quitte le corps et parfois l’esprit, partage d’écoute et de vraie communion avec le malade jusqu’à l’étape ultime qui n’appartient qu’à lui.

J’ai été aumônier une dizaine d’années, maintenant, j’ai franchie la ligne rouge, j’avance, confronté à ma propre réalité pas toujours facile, avec ce message d’espoir que j’ai voulu transmettre.

Je finirai par ce psaume qui dit ce que j’ai voulu être :

“Seigneur, mon cœur n’est pas orgueilleux,
je ne regarde pas les gens de haut.
Je ne cherche pas à faire des choses extraordinaires
ni des actions magnifiques qui me dépassent.
Mais je reste calme et tranquille, comme un enfant rassasié sur le sein de sa mère.
Comme ce petit enfant, je suis calme et tranquille.
Israël, attends le Seigneur avec espoir,
dès maintenant et pour toujours !”

Psaume 130

13 Juin 2021 : célébration eucharistique pour fêter les 70 ans de sacerdoce du Père Francis Allain

Après avoir été chapelain à St-Paul de la Tréballe, à Saint-Nazaire (1967-1977), Père Francis Allain est chargé de la paroisse Notre Dame-des-Apôtres (1977-1983). Il est ensuite curé de St-Joseph-de-Méan (1984-1986).

Puis, il est successivement au service des secteurs de Saint-Nazaire – Est (1986-1994) et Brière (1994-2002).

Il devient  prêtre coopérateur à Saint-Martin-du-Sillon (2003-2010), puis auxiliaire dans la même paroisse (2010-2019).

En 2019, Père Francis Allain se retire à la maison de retraite ‘Les tilleuls”, à Savenay.

Il y décède le Samedi 10 Décembre 2022 dans sa 96ème année.

Sa sépulture a eu lieu le Mercredi 14 Décembre, en l’Eglise de La Chapelle-Launay où il a été inhumé dans le cimetière de la commune.

 

 

Une messe du souvenir sera célébrée le Samedi 7 Janvier 2023, à 18h30, en l’Eglise de La Chapelle-Launay.

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