Dès le début du livre de la Genèse, l’auteur biblique nous parle de la riva-lité de deux frères Caïn et Abel qui aboutira au meurtre d’Abel. Et pourtant, Dieu avait prévenu Caïn : « Voici que le péché est tapi près de ton cœur, mais tu as les moyens de résister ». (Gn 4, 7)
La fraternité n’est donc pas un donné originel, mais un projet éthique que nous avons à bâtir, dans notre vie de famille, dans notre vie sociale ainsi que dans notre vie communautaire paroissiale. Et cela peut s’avérer parfois exigeant. Cela commence, je crois, par l’a priori favorable ; partir du principe que chaque personne avec qui j’interagis dans la communauté est un frère, une sœur que Dieu me donne et qu’elle est animée par l’Esprit-Saint. Comme moi, elle essaie de vivre du Christ, avec ses chances, mais aussi, avec ses limites. Elle essaie, comme moi, de vivre sa mission de baptisé pour que le royaume de Dieu grandisse. Je ne serai certainement pas toujours d’accord avec ce qu’elle dit, avec les décisions qu’elle prend, avec la manière dont elle les met en œuvre. Mais il est essentiel que je reconnaisse en elle d’abord sa bonne volonté, son désir de vivre du Christ et de l’annoncer ; peut-être est-elle maladroite dans ce qu’elle dit, ce qu’elle fait. Il me paraît alors essentiel d’aller rencontrer la personne, le frère, la sœur que Dieu me donne pour comprendre ce qu’elle a voulu dire, ce qu’elle a voulu faire, saisir sa logique et ensemble essayer d’aller plus loin. Tertullien, un Père de l’Eglise racontait que les gens venaient au Christ parce qu’ils percevaient dans la communauté chrétienne ce désir d’aimer et s’exclamaient alors : « Voyez comme ils s’aiment. »
Oui, osons la bienveillance dans notre communauté et nous serons ainsi des disciples du Christ qui témoignent de l’amour de Dieu en vivant en frères.
Philippe, curé de la paroisse
Un commentaire