Des couleurs dans le ciel gris

« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et
désemparées par le fracas de la mer et des flots », entendions-nous dimanche dernier (Lc 21, 25). Cela ne nous surprendra pas, une fois de plus l’actualité du monde et le temps liturgique trouvent une consonance particulière. Je la résumerais par cette question : Où allons-nous ? Dieu nous met en prise avec la réalité, encore faut-il pouvoir la lire cette réalité à travers les signes qui nous sont donnés. Sous le ciel gris de cet Avent 2018, des couleurs apparaissent. Tâchons de bien les regarder.

Jaune fluo. Depuis quelques semaines, la crise enfle. La colère surgie d’on ne sait où s’est mise
à déborder. Soif de justice, demande d’équité, expression d’un ras-le-bol général, mouvement
incontrôlé et fourre-tout ? Bien malin qui peut dire ce qui se cache derrière le jaune fluo. On voit surtout du noir. Noir de la fumée des pneus que l’on brûle aux carrefours. Pas très vert, tout cela… Une question lancinante revient en boucle : la fin justifie-t-elle les moyens ? Même sur cette question, il ne semble pas y avoir de consensus. Car peut-être est-ce la fin elle-même qui n’est pas très claire. La réalité est complexe. Avant les échéances électorales de 2017, les évêques de France avaient invité à refonder le pacte social. Aurait-on oublié cette urgence sitôt le scrutin passé ? Regardons au-delà des apparences.

Rouge. Ce samedi 8 décembre, 19 martyrs d’Algérie ont été béatifiés. Des religieuses, des prêtres, un évêque et les plus connus d’entre eux, 7 moines de Tibhirine. Alors que le terrorisme ne cesse de vouloir monter les hommes les uns contre les autres, les religions les unes contre les autres, on pourrait se demander si les temps sont bien favorables à l’exaltation du rouge des martyrs. Ne nous trompons pas. Le signe que Dieu nous donne et que l’Eglise veut offrir au monde, ce n’est pas le signe de la haine de la foi. Non, ces 13 hommes et 6 femmes sont des martyrs de l’amour. Par le don de leur vie, « ils ont voulu montrer à un peuple victime de la folie meurtrière qu’ils étaient vraiment des frères (Cf. Hors-série Eglise en Loire-Atlantique, p. de Cacqueray p. 13). » Car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Accueillons cette couleur, c’est le rouge de la lumière de nos tabernacles.

Aube nouvelle. Pour notre Avent à St Pierre de l’Océan, nous avons choisi de suivre deux femmes. L’une d’elle se mit en route de bon matin, à l’heure où se lève un soleil tout neuf. Marie est allée à la rencontre d’Elisabeth. C’est en osant franchir avec courage et empressement les montagnes qui les séparaient que la Vierge allait annoncer l’aurore d’un ciel nouveau à celle qui portait le poids d’un monde vieilli. Marie était porteuse de la lumière du monde, la source de toute sainte audace. Exemple éclatant qui nous pousse à la rencontre de nos frères, en regardant au-delà de ce qui nous semble impossible.

« Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête car votre rédemption approche » (Lc 21,28). Voici qu’elle vient, la vraie lumière ! Bon Avent à tous.

Père Emmanuel Mustière

 

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