Rencontre avec Julien

Anne : « « Bonjour Julien, beaucoup de gens connaissent votre visage pour vous voir à la porte de l’église Saint-Gohard ou aux alentours du marché central de Saint-Nazaire, accepteriez-vous de vous dévoiler un peu plus pour la communauté des paroissiens de Saint-François ? »

Julien : «Bonjour, oui, pas de problème, à la condition que nous ne nous installions pas trop loin de mon chien qui est en train de dormir sagement sous sa couverture. »

 

Anne : « Ok. Pouvez-vous me parler un petit peu d’où vous venez… vos parents… frères, sœurs… quel est votre parcours scolaire ? »

Julien : « Nazairien de naissance j’arrive à bientôt la quarantaine. Mes parents sont décédés alors que j’étais jeune adulte … Eh oui ! On n’est que de passage – je suis encadré par deux frères et ai une sœur qui est la cadette de la fratrie. Ayant été scolarisé en collège jusqu’en 3ème, j’ai réussi deux CAP issus d’apprentissages, l’un en boulangerie, l’autre en pâtisserie, et je préfère de loin cette dernière spécialité car on peut s’adonner davantage à la fantaisie, la créativité. »

 

Anne : « Et cela demande certainement beaucoup de précision dans les gestes ?»

Julien : « Oui, il faut être très minutieux. Malheureusement la vie a basculé pour moi, car après le décès de mes parents, j’ai été très perturbé et fait « des bêtises » qui m’ont amené à « l’isolement forcé»…
Après mon divorce ce fut la dégringolade… ayant perdu mon travail, et dans l’impossibilité de le reprendre après avoir été gravement accidenté en voiture. En effet, des problèmes aigus de vertèbres m’empêchent de rester debout trop longtemps et de pratiquer tout travail trop physique. »

 

Anne : « A présent, j’entrevois pourtant en vous beaucoup de volonté de vous en sortir. Quelles sont les aides sur lesquelles vous pouvez compter ? »

Julien : « Moi, je dis toujours : tant que je suis debout, tant que je marche… je ne me plains pas car il y a plus malheureux que moi. Je trouve des petits boulots. J’accepte tout travail. Les jours de marché je donne un coup de main aux commerçants à la déballe et à la remballe.
Il y a aussi les structures d’aides administratives et associatives comme l’ANEF FERRER, l’Assistance Sociale, l’aide au logement (CAF), la Rose des Vents, La Fraternité… qui suivent mon dossier ».

 

Anne : » Allez-vous aux Restos du Cœur ? »

Julien : « Non, je n’en ai pas besoin car mes activités au marché me sont rendues sous forme de nourriture. J’ai largement de quoi manger, et même mon chien ! Parfois quand j’en ai en trop j’en donne à des copains plus mal lotis que moi. Je n’ai pas à me plaindre ! »

 

Anne : « Qu’y-a-t-il que vous souhaiteriez précisément aujourd’hui ? »

Julien : « Rien, je n’attends vraiment rien de la vie. Je n’ai pas de rêves ni de projets. Je vis au jour le jour. J’assume ma situation car j’en suis responsable. Mais je peux vivre ainsi toute ma vie.
Cependant, pour être franc, j’aimerais être mieux logé, car en ce moment je vis dans un garage, sans eau ni électricité bien sûr. Mais ça va, car d’autres n’ont même pas de toit pour s’abriter. La Fraternité me permet d’avoir tous les services d’hygiène, ce qui est parfait. Je suis vacciné contre le Covid-19.
Un logement plus décent me permettrait certainement de m’engager dans une formation professionnelle éventuelle… en étant libéré d’avoir à penser à ma simple survie. »

 

Anne : « Vous n’avez pas d’enfants. L’être humain a besoin d’affection… »

Julien : « J’ai mon chien. Je l’ai sauvé de l’abandon certes, mais c’est lui qui me sauve la vie. Je lui porte de l’affection, mais lui m’en donne encore plus »

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